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Vue prise à hauteur de la brasserie Muller et Blaisot - spécialité de bière de Munich - qui occupe les numéros 8 et 6 du boulevard. Ici se trouvait, sous le Second Empire, le Café de Madrid tenu par un certain Bouvet. Gambetta y rencontra Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Jules Vallès, etc. Jeunes républicains et futurs communards venaient y critiquer le gouvernement en place. Après les événements de 1871, Willy et Alphonse Allais figurèrent au nombre des habitués. A côté, au numéro 10, se trouvait un estaminet lyrique où chantait Darcier. Alfred Grévin, caricaturiste de seconde zone, y fonda le musée de cire qui porte son nom, sur le modèle de celui de Madame Tussaud. C'est là que fut percé, en 1846, le passage Jouffroy, du nom de la société qui lui donna le jour. Le Petit Casino s'y installa en 1895 sur l'emplacement de l'ancien Théâtre Séraphin et du Bazar Européen. Au sous-sol était établi, sous le Second Empire, le théâtre de marionnettes, le Passe-Temps. Boiëldieu, Rossini et Carafa y habitèrent, entre 1823 et 1833.
C'est Emile de Girardin, publiciste, fondateur, en 1836, de La Presse, premier journal politique destiné au grand public, qui donna le nom de Carrefour des Écrasés au point où le boulevard Montmartre donne naissance à la rue du Faubourg-Montmartre. S'il est quelque peu surfait, ce titre témoigne en tout cas de l'intensité de la circulation en ce point chaud des grands boulevards. Au coin de la rue, la table d'hôte Blond affiche largement ses prix: déjeuner: 1,60 Fr, dîner 2, 10 Fr
Le Carrefour des écrasés en novembre 1914.
Partie de l'ancienne voie qui conduisait à Montmartre, la rue du Faubourg-Montmartre s'appelle faubourg du Mont-Marat pendant la Révolution. Le numéro 2 correspond à l'emplacement de l'ancien hôtel Dezègre. Une série de cafés s'y succédèrent: le café des Grands Hommes, le café Mathon, le café d'Allez. Depuis 1865, il est devenu l'hôtel restaurant Brébant célèbre pour ses dîners fastueux: ceux des Spartiates, fondés par les frères Goncourt; ceux du Boeuf Nature, avec Emile Zola, Octave Mirbeau, Paul Bourget, Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, ceux des Rigobert, sans oublier les dîners Bixio qui rassemblaient Mérimée, Sainte-Beuve, Dumas père. La Dépêche a installé ses bureaux à côté, au numéro 4, dans l'ancien hôtel du carrossier Cockery, ex-cocher de Law. Au-delà, se trouve le café Au Carillon. Plus loin, le journal L'Ecclésiastique, au numéro 10, un hôtel du dix-huitième siècle. A gauche, au numéro 1, l'emplacement du grand magasin de nouveautés Au Sablier, célèbre sous le Second Empire. Auguste Comte habita au numéro 13, de 1824 à 1826.
Vue du faubourg montmartre prise à hauteur de la rue Buffault (à gauche). Celle-ci fut ouverte en 1782 et reçut le nom de J.B. Buffault, époux d'une marchande de modes chez qui Jeanne Bécu fit son apprentissage de trottin avant de devenir comtesse du Barry et favorite de Louis XV. Adolphe Adam, l'auteur du Postillon de Longjumeau, habita au numéro 24 de la rue Buffault. Le côté gauche du Faubourg-Montmartre, sur cette vue, correspond approximativement au cimetière que fit ouvrir la fabrique d'église de St. Eustache, au début du dix-huitième siècle. On l'appelait cimetière des Percherons ou Saint-Eustache.
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